Oui je revendique cet état de fait. Ne cherchez pas à m’embrigader dans votre normalité. Vous n’y arriverez pas.
Je déserte votre quotidienneté où tout comme des sardines d’ans une boite, vous êtes englués dans votre banalité médiocre.
Je déserte votre étroitesse d’esprit bien vaillant où la flagornerie et l’hypocrisie sont les deux seuls mots de votre vocabulaire.
Je déserte l’envie de vous ressembler, vous les moutons de Panurge, car vous annoncez que vous avez une vie, qu’elle soit collective, professionnelle ou amoureuse.
Je déserte les nouvelles technologies, car elles ne servent qu’à asservir l’être humain.
Je déserte les réseaux dits sociaux/que Narcisse et Maléfique la « belle-mère » d’Aurore auraient adorés….
Je déserte les gens toxiques, car il y a suffisamment d’éléments néfastes dans les particules d’air.
Et oui je suis un déserteur sans complexe, car je suis Moi.
Il est généralement triste le temps de l’automne sous nos latitudes. Les feuilles ocre des arbres tombent, les oiseaux qui n’ont pas migré deviennent silencieux, c’est la rentrée à la fois scolaire et littéraire. C’est aussi le temps de ressortir du placard les pulls à manches longues et autres manteaux chauds. Rien de très joyeux n’est — ce pas ? Pourtant, approchez-vous sur la pointe des pieds de ce banc dans la campagne auvergnate, près des volcans centenaires. Asseyez vous bien confortablement sur celui — ci et fermez les yeux un instant.
Vous entendez le bruissement du vent dans les arbres mis à nu, l’odeur si particulière des feuilles en décomposition et de la terre mouillée ? Écoutez la musique si caractéristique de la goutte de pluie tombant dans la flaque à vos pieds. Au loin, l’orage gronde, les éclairs zèbrent le ciel, pourtant vous restez assis. Vous vous emmitouflez plus dans votre manteau, vous remettez bien en place votre écharpe autour de votre cou. En faisant cela, vos mains frôlent un journal oublié. Il est détrempé, leurs feuilles sont collées l’une à l’autre, leurs caractères s’entremêlent de la même manière que les racines de l’arbre à côté de vous.
Des promeneurs s’approchent. Leurs pas sont assourdis par le bruit du crachin et du tapis de feuilles. Ils parlent à voix basse comme si cette clairière était sacrée. Peut — être qu’ils ne désirent pas déranger par leurs paroles, troubler le sommeil de l’écureuil qui dort dans l’arbre voisin ou les âmes des druides des temps anciens. Ils vous dépassent pour rejoindre au plus vite leur véhicule garé sur le parking à l’orée du bois.
Vous êtes à nouveau seul sur ce banc.
Malgré le crachin qui transperce l’épaisseur de votre manteau, vous restez immobile. Votre cerveau est vide de toutes pensées parasites, vos battements de cœur se sont mis au diapason des gouttes de pluie qui tombent sur le banc.
Un lièvre interrompt sa course vers son terrier et vous observe, constatant que vous n’êtes pas un prédateur, il reprend son chemin plus tranquillement.
De nouveaux effluves titillent vos narines délicates. Est — ce l’odeur si typique des champignons ou de la noisette ?
Au fur et à mesure que les minutes se passent, vous ne faites plus partie du décor, vous êtes le décor.
Sur cette photo, il est grave de figure. La peine qu’on lit sur son visage blafard peut provenir de nombreuses choses comme une rupture amoureuse, une perte d’argent aux courses, ou la mort de sa mère bien-aimée. Sûrement que, le jour de la pose, il voulait être ailleurs, peut — être dans une forêt avec pour seule compagnie le bruit du vent passant entre les branches d’un arbre. Il souhaitait porter un costume moins rigide, mais le photographe souhaitait un portrait officiel. Pour quelle occasion ? D’accord, il vient de gagner le Prix Goncourt, mais est — ce une raison valable ? D’ailleurs, cela va lui apporter quoi ce prix littéraire ? Quelques ventes en plus ? D’avoir la possibilité de payer ses dettes d’imprimeur ? Du prestige ? Dans quelques années, tout le monde littéraire l’aura oublié tandis que les lecteurs auront envie de modernité avec des phrases plus simples à la compréhension.
Nous sommes le 31 décembre 1999. Une pluie fine tombe sur la baie de Hudson. Au loin se profile la Statue de la Liberté presque cachée par les nuages. Kévin et ses parents ont traversé l’Atlantique, pour assister à un colloque international rassemblant tous les adolescents drogués aux livres. Celui-ci se passe à New York. Les parents de cet « adorable » Kévin sont des Français moyens. Tout se passerait bien dans cette famille si Kévin n’était depuis 3 ans un « Hikikomori » depuis son addiction aux ouvrages de toutes sortes, même les plus scientifiques. En cette fin d’après-midi de réveillon, et même de millénaire, notre famille visite le « Museum of Immigration » où un mur de l’honneur a été construit. Une plaque est apposée. Kévin commence à la lire.
Dans la province de Canton en 1880
Chan admire une dernière fois la rizière où elle est née et a grandie. Les deux précédentes récoltes ont été mauvaises. Dans son village, les hommes disent qu’il faut quitter le pays pour chercher de l’or en Californie. Chan décide de les accompagner. Son baluchon est prêt. D’un dernier regard, elle balaie le paysage pour emmagasiner tous ses souvenirs. Elle partira demain à l’aube. Si l’âme de ses ancêtres lui est favorable, elle arrivera à bon port.
À La Nouvelle-Orléans en 1885.
Jean Baptiste est un jeune « quarteron » descendant d’un « grognard » venu de France. Après la vente de La Nouvelle-Orléans aux États-Unis d’Amérique, Grégoire, son père est resté sur ce continent pour faire fortune dans le coton. Jean Baptiste décide, lui, de faire de la musique. Il entame sa carrière dans toutes les églises de la Louisiane et du Mississippi, où il commence à se faire une réputation. Les « nègres » n’ont jamais entendu un « blanc » chanté de la soul de cette manière. Devant tant de succès, Jean-Baptiste opte de tenter sa chance à New York. Ayant suffisamment économisé, il choisit de prendre le bateau pour arriver dans cette ville si immense où il est sûr que Broadway l’attend.
France 1878
Capi est un gentil caniche : Il a été dans un premier temps dressé par Vitalis et aimé par Rémi. Hélas, lors de l’emprisonnement de Vitalis, l’ignoble Garofoli l’a adopté et il devient son souffre — douleur. À force d’entendre ses aboiements de détresse, les voisins font appel à la force policière qui l’arrache à ce monstre maltraitant. Capi dans un dernier sursaut d’instinct échappe à la maréchaussée et se retrouve à bord d’un navire partant pour le Nouveau Monde.
D’abord un bruit sourd et tenu
Puis ce bruit devient plus fort
Lorsque ce bruit a disparu
L’on prie tous les Dieux de la création très fort.
Le bruit se fait à nouveau entendre
L’espoir revient
Comment se fait-il que les bruits puissent par leur absence nous surprendre
Sa musique nous fait du bien
Parfois le tic toc a le tempo
De l’adagio ou du piano
Avant d’avoir le rythme du métronome
Bienvenue à toi petit bonhomme
Non, je ne vous permets pas de me parler de cette manière ! Vous êtes des enfants. Vous me devez le respect. Je suis votre mère, ne l’oubliez pas. Je ne suis pas du coup d’accord avec votre verdict.
Je suis encore plus attristée que peinée par vos attitudes. Je me remémore qu’il n’y a pas si longtemps vous attachiez de l’importance à mes opinions. Vous me demandiez même souvent mon avis. Et maintenant vous vous permettez de prendre ce genre de décisions, de plus à mon insu.
Au grand jamais je n’aurai imaginé une chose pareille. Un proverbe dit que « l’on est toujours trahi par les siens ». Je songeais que c’était valable pour les autres. Et certainement pas pour moi. Je pensais naïvement que cela ne m’arriverait pas.
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas me mettre à crier ni à m’égosiller de désespoir.
Car depuis le début de cette réunion soi-disant familiale je hurle, mais en silence.
Si mon cœur continu de battre, c’est plus par réflexe que par envie. Il est cassé à tout jamais. Je n’ai pas dit meurtri, mais brisé. Aucune glu au monde ne pourrait le recoller.
Comment avez-vous pu vous tous mettre de côté vos différences, hélas pas du tout pour une chose banale ou futile comme je vous l’ai demandé à de trop nombreuses occasions. La seule fois où vous êtes d’accord, cela me chagrine, à un point qui dépassera de loin votre raison.
Vous n’aviez pas le droit de me faire ce que vous m’avez fait. Il n’y a aucun mot assez fort dans aucun dictionnaire pour vous signifier, ce que ressentent mes tripes, mon utérus ou mes ovaires.
Par conséquent au nom de serait-ce à ce que vous me devez et pour tout ce que j’ai subi et fait pour vous tous ne m’envoyez pas dans ce que vous osez désigner par « maison de retraite tout confort » alors que j’entends : mouroir.
Et demain, nous avons un rendez-vous. Pas n’importe lequel. Nous allons rencontrer notre lectorat. Pas n’importe lequel, le nôtre ! Celui qui s’intéressera aux aventures de « Watobé », de « Lohengrin » et de « Ma vie secrète au Louvre ». Je sais bien que nos cœurs battent plus fort, que nos cerveaux semblent vides, que nous sommes fébriles. Mais après tous ces longs mois passés seuls dans notre tour d’ivoire, face à notre feuille blanche puis noircie, raturée à force de rechercher les mots justes pour avoir une phrase littérairement parfaite, notre livre objet est posé sur son chevalet espère faire la connaissance de son futur lecteur.
Celui qui regardera sa couverture nous questionnera sur notre manière de travailler sur notre manuscrit, sur sa conception et sur son contenu. Et demain, sur notre table dans le bon secteur, là où se trouvent déjà nos marque-pages et nos cartes de visite, notre chaise n’attend que nous.
Et demain c’est maintenant.